Du trèfle blanc au pied des tomates

Lors de l'été 2015, au jardin VIA Agro-Écologie, nous avons essayé une nouvelle approche: celle de semer assez densément du trèfle blanc (Trifolium repens) au pied des tomates de serre. Le but ici n'est pas de faire un engrais vert intercalaire que l'on enfouis dans le sol à l'automne ou au printemps suivants mais de garder ce tapis vert et de replanter dedans années après année diminuant ainsi le temps de travail nécessaire pour le désherbage et apportant certains bénéfices au sol. Est-ce que ça marchera? C'est ce qu'on verra sans doute au cours des prochaines années. Pour l'instant, voici un bilan des observations de cette première année.

Le trèfle à été semé à la volée au pied des plants de tomates 2 semaines après leur plantation soit à la troisième semaine de juin 2015.

Les plants de tomates poussant à cet endroit n'ont pas semblé souffrir de cette pratique. En effet, ils étaient tout aussi verts, tout aussi beaux et tout aussi grands que leurs collègues installés dans les autres parties du tunnel chenille. De plus, ils ont donné autant de fruits et ces fruits étaient très savoureux.

Cette approche comporte plusieurs avantages: Premièrement, nous n'avons pas eu à utiliser de plastique et donc pas d'installation et désinstallation et surtout pas d'achat de plastique. Deuxièmement, nous n'avons pas eu besoin de désherber à cet endroit puisque le trèfle a très rapidement formé un tapis assez dense empêchant les mauvaises herbes de s'y installer. Ailleurs dans le tunnel, nous avons eu à désherber sous les tomates à plusieurs reprises et avons même perdu le contrôle après un certain temps faute de main d'œuvre intéressée à cette tâche. Troisièmement, le trèfle blanc fournit de l'azote au sol grâce à son association symbiotique avec les bactéries du genre Rhizobium. Cet apport d'azote pourra être considéré dans notre plan de fertilisation et pourra ainsi nous permettre de réduire la quantité d'engrais appliqué l'année subséquente. Quatrièmement, l'utilisation du trèfle permet de garder une couverture de sol lorsque les plants de tomates ne sont plus là (d'octobre à mi-mai). Le fait de laisser une couverture sur le sol est réputé pour diminuer le lessivage des éléments nutritifs, favoriser la microflore et la microfaune du sol et améliorer sa structure.

Choix de l'espèce en culture intercalaire

L'utilisation de trèfle est intéressante à plusieurs points de vue. En effet, cette plante reste basse (environ 15 cm de haut) ce qui limite les effets néfastes liés à une mauvaise circulation de l'air humide près des feuilles basses des plants de tomates ou autre culture principale. Le trèfle est aussi, contrairement à certaines mauvaises herbes, très peu gourmand en azote du fait de son association symbiotique avec Rhizobium. Il pourrait compétitionner pour l'eau mais comme les tunnels chenilles sont irrigués à l'aide d'un système goutte-à-goutte, il est facile de régler la quantité d'eau apportée et d'en ajouter si nécessaire.

Coûts de cette pratique

Les semences de trèfle peuvent être assez dispendieuses. Pour les 4 m x 75 cm de surface utilisés lors de cet essai, nous avons utilisé environ 50 g de semences de trèfle blanc ce qui équivaut à 167 kg/ha (cette quantité semble facilement pouvoir être réduite de plusieurs fois compte tenu de la densité observée et du fait que certains documents recommandent plutôt 3 à 20 kg/ha). Le sac de 500 g que nous avions acheté coutait 10 $. C'est donc dire qu'avec notre approche, la tapis de trèfle coûte environ 0,33 $/m2. Comme le trèfle blanc est vivace, il est possible d'envisager que cette couverture durera un certain nombre d'années.

Il sera intéressant de voir dans le futur combien de temps le trèfle peut rester en place, s'il compétitionne les plants alors que ceux-ci sont plantés dans un trèfle déjà bien établi, si le trèfle a tendance à se répandre ou devenir trop envahissant et si c'est le cas quels seraient les moyens de le contrôler efficacement.

Pour le moment, il est prévu d'utiliser le trèfle blanc comme culture intercalaire pour le contrôle des mauvaises herbes et une fertilisation azotée d'appoint. Mais il semblerait aussi possible de l'utiliser comme engrais vert intercalaire si on enfouissait le trèfle après la saison de culture. L'apport d'azote serait ainsi plus grand et permettrait tout de même de contrôler les mauvaises herbes lors de la première année. L'utilisation d'un trèfle annuel comme le trèfle incarnat serait alors probablement plus approprié.

Ces essais ne sont pas scientifiques, ils sont basés sur des observations ponctuelles plus ou moins assidues. Il est serait intéressant de consulter la littérature scientifique pour en connaitre d'avantages sur les essais contrôlés ayant été réalisés à ce sujet.

Nous continuerons à ajouter des informations sur ce blog lorsque nous aurons d'autres observations intéressantes à propos de cette façon de faire.

Documents portant sur le sujet

Engrais-verts et cultures intercalaires - Centre de développement d'agrobiologie sur agriréseau.qc.ca

Autre document intéressant portant sur les engrais verts tiré du site d'Agriréseau

Article scientifique portant sur un essai d'engrais vert intercalaire de trèfle incarnat pour la répression du chénopode blanc dans une culture de maïs sucré

Autrement, cette approche peu commune de replanter année après année dans un tapis végétal de légumineuses est en partie inspiré des préceptes de l'agriculture naturelle développé par Masanobu Fukuoka et expliqué dans son livre: La révolution d'un seul brin de paille

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